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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 00:40

 
Le 20 janvier je prends le train, direction « Jardin des souvenirs » j’aime bien ce nom ça me rappelle des….
Il y a du monde à la gare, le train se remplit, j’arrive cinq minutes avant le départ.


Il n’y a plus de place…, juste le strapontin entre deux wagon, je prends place.
Un homme assis en face de moi, il porte des lunettes et me souris.


Je ne remarque pas l’homme assis en diagonale, jusqu’au moment où il se lève, cherche
Se rassois, se relève, cela dure un bon moment.


Le train démarre, le contrôleur arriver et reste un moment avec cet homme.


Puis le contrôleur se retourne vers moi et me parle, je ne comprends rien, il y a beaucoup de bruit


Je lui demande de répéter en lui disant que je dois être sourde et là il me dit en parlant plus fort : »


— Je suis obligée de faire un procès verbale au monsieur, car sinon il ne me lâchera pas.


Je souris, je n'ai rien compris.


Le contrôleur tend le PV au monsieur et repart.


L’homme me regarde, je lui souris et la il entame une longue conversation avec moi, une conversation ou plutôt un long monologue, mais avant il me demande ce que le contrôleur vient de me dire, je lui réponds de plus naturellement possible : »


— Il m’a dit que vous teniez absolument à recevoir un PV !


Il me sourit enthousiasme et me dis : »


— Oui ! C’est exactement ça !


Je le regarde, il doit avoir un peu plus de 40 ans, il porte un pull jaune rouille, un bas de jogging, il est petit est légèrement en surpoids, il a un regard captivant.


Et la il me parle, il me raconte que tous les jours il voyage dans les trains, pour recevoir ses PV
Il ne peut pas vivre sans, c’est vital !.


Il a fait toutes les villes de France, sauf Belfort, il me parle de toutes ces villes, j’ai l’impression d’y être. il les détaille, il les vit, je l’écoute et je sens la mer, je sens l’ambiance, il me décrit ces villes et j’ai l’impression d’y être sans jamais y avoir mis les pieds.


Par moment il me parle du tribunal, car il a été condamné plusieurs fois, dont son psy la défendit
Je suis devant un gentil fou et je pense à ce moment-là au psy que j’ai rencontré pour la première fois le 4 janvier.


Je l’écoute, je suis attentive, cet homme est passionnant, il a une mémoire comme jamais je n’ai rencontré dans ma vie. il me parle des émissions télé qu’il a vu, il est capable de les reconstituer dans les moindres détails.

Il parle de personnages littéraires, d'hommes politiques et de documentaires sur arte, il se souvient d’émission qu’il a vue 3 ou 4 semaines avant.


Il me résume le programme de ARTE du matin au soir, avec les tranches horaires puis il me dit que dans certaines villes il est interdit de pharmacie, il me demande de temps en temps :


— Vous comprenez ?


Je souris et penche la tête pour lui dire oui, je vois a ses pieds au même moment un sac plastique qui déborde de PV.


Il continue de me parler, il parle d’argent, que l’euro c’est compliqué, qu’il dépense tous les jours 11,50 € au sarrasin, vous savez la pâtisserie, je réponds que je la connais.


Il me demande si c’est normal de dépenser 11,50 € a la boulangerie, si ce n’est pas trop. Puis il me demande combien ça fait 11,50 € par semaine, la je ne comprends plus, je lui demande de répéter, il me dit « Oui voyez vous combien ça fait 11,50 € par semaine »


Je comprends par mois ?, je lui réponds un peu plus de 45 € et la il me dit oui c’est ça, puis je me rends compte qu’il me test sur les calculs, je suis nulle en math, mais lui il compte très bien.


Il me parle des médicaments qu’il n’a pas le droit de prendre, il me parle du xanax, un anxiolytique.


il n’a droit qu’aux antidépresseurs, je sursaute un peu sur le strapontin, car un médecin que j’ai vu fin décembre m’en a prescrit en cinq minutes et que j’ai la boite dans mon sac (pas encore pris).


Puis de temps en temps il tient fermement son sac plastique a ses pieds. Il me reparle de ses PV, me dit qu’il fait pareil dans le bus et le métro, que les gens le connais bien, qu’il connaît bien certains contrôleurs.


Que parfois il n’est pas obligé de qu’émender ses PV. Certains contrôleurs lui donnent son PV sans qu’il le demande content, il sourit, se sent bien.il me montre tel un trophée que celui qui a couté le plus cher fait 330 €, vous vous rendez compte, 330 € !.


Je sais bien qu’il ne paie aucuns de ses PV, c’est surement tribunal qu’il paye, et justement au moment ou je me fais cette réflexion, il me dit :


— Oui c’est le tribunal qui payent les PV, car moi je ne peux pas je suis a la cotorep.


Il me regarde, il attend une question, je lui demande s’il a déjà pu avoir ses PV dans l’avion.


La il m’explique avoir essayé plusieurs fois, mais que c’est compliqué, car il y a les douanes, qu’il m’arrive jamais à franchir et qu’il a abandonné.


Il me parle de Bérégovoy, je repense dans ma mémoire ce qu’il lui est arrivé, je me souviens avoir était marqué par cet homme politique.


A la télé ils avaient comme masqué son suicide, peur d’en parler, d’en dire trop, la pudeur certainement et l’incompréhension de son geste.

Enfin j’ai senti cela comme ça, il attend, me regarde, je tente un : » vous parlez de l’homme politique qui c’est suicidé ?.


Il sourit et me raconte tout de lui ; c’est un complot, c’est une injustice, les gens sont fous, ils tuent, les gens sont méchants, ils volent.

Il me dit qu’on ne peut pas savoir si un parti politique est mieux qu’un autre, car pour cela il faut qu’il soit élu, il me dit « vous comprenez ?


Puis il me parle de chez lui, il y a la télé, il regarde toute les émissions,
 Je me demande comment il fait pour les regarder s’il est tous les jours dans les transports.


Je lui pose une question, car il me regarde et attends, » s’il reste dans les villes qu’il visite ou s’il reprend le train des son arrivé ?


Il me répond que parfois oui, il reste, il prend une chambre d’hôtel, mais que l’hôtel c’est cher.Il va dans un formule un, me demande si c’est cher un hôtel a 35 €, il dit que parfois c’est plus cher.


Puis d’un coup il me parle de sa peau, que tout est brulé, je frissonne. Il me dit que les gens qui lui ont fait ça c’est la pire chose qu’il lui soit arrivé.


Je sens bien qu’il veut m’en dire plus, mais a ce moment la le train s’arrête dans une gare et le contrôleur apparait.

IL se trouve face à face avec lui et je le vois rougir, il me fait penser a un enfant qui vient de se faire gronder, il cherche dans le regard du contrôleur une reconnaissance, il est intimidé.


Puis le train repart et il reprend, je continue de l’écouter, il me reparle de sa peau qui le brule, il fait des gestes de haut en bas.


Un moment je me lève pour m'assoir a coté de lui, mais quelques chose ne vas pas alors je m’excuse en lui disant que je vais reprends ma place.


IL me sourit, il parle tellement que je ne vois pas passer l’heure, 1H20, j’ai l’impression qu’il c’est passé moins de temps, mais le train arrive en gare.


Il me regarde et me dit :


— Merci de m’avoir écouté.
« Je lui réponds »

-c’est moi qui vous remercie !


Je n’ai pas l’habitude que l’on me dise merci, c’est un réflexe verbal que je n’arrive pas à contrôler et c’est la deuxième fois en un mois que je le dis.


Il sort du train et je me retrouve a coté de lui, il ne bouge pas et je tends ma main vers lui
Il me prend la main dans sa main gauche, un geste chaleureux, je lui dis


« Au revoir monsieur »

et il me répond

« Au revoir madame ».

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  • "Il n'y a rien de compliqué, que des cas particuliers"
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